Bonjour,
Les plantes pour aquarium étaient très (trop) souvent prélevées dans la nature et reproduites grâce aux techniques habituelles connues comme le bouturage, le marcottage, la division de touffe, la séparation des plantules sur les stolons, la fragmentation des rhizomes etc, etc .
Ces plantes étaient présentes (ou pas) en fonction des saisons, irrégulières dans la quantité disponible ou dans la qualité du feuillage ou des racines.
Heureusement tout ceci fait maintenant partie du passé grâce à la culture hors sol.
Dans le milieu naturel, 90% des plantes d’aquarium vivent alternativement en situations immergées et émergées.
Pendant la saison sèche, le niveau de l’eau baisse. Les plantes jusqu'alors immergées se retrouvent à l’air libre. Elles s’adaptent sans difficulté à ce nouvel environnement qui est plus lumineux puisque la hauteur d’eau ne filtre plus la lumière, mais aussi plus riche puisque l’évaporation de l’eau à permis de concentrer les limons, les sels minéraux et les oligoéléments au sol. Les plantes ne flottant plus, les tiges deviennent plus résistantes. Les feuilles sont plus épaisses et souvent plus petites pour limiter l’évapotranspiration et le dessèchement des tissus végétaux.
Lorsque la saison des pluies revient, le niveau des rivières augmente rapidement et les plantent mobilisent leurs réserves pour se réadapter à cette nouvelle immersion. Les feuilles deviennent plus grandes, ce qui permet de capter le plus de lumière possible pour accomplir la photosynthèse, mais aussi pour absorber les nutriments et le CO2.
Les producteurs de plantes pour aquarium ne reproduisent pas ces variations saisonnières puisqu'ils ont tous choisi de les cultiver en émergé et hors sol.
Cela représente tout de même quelques inconvénients pour l’aquariophilie :
- N’ayant jamais vécu en immersion, les plantes demandent une période d’adaptation plus longue quand elles sont plantées dans un aquarium. Cette période s’accompagne souvent de la perte d’une partie ou de la totalité des feuilles (fréquente chez les Cryptocorynes).
- Les éventuels dimorphismes foliaires ne facilitent pas l’identification des plantes, puisque la forme change mais aussi , très souvent, la couleur. Par exemple, le Lobelia cardinalis, pourpre à l’achat, devient vert en aquarium.
Et quand les professionnels rebaptisent les plantes pour leurs donner des noms assez fantaisistes mais plus vendeurs, la confusions est à son comble.
J’ai déjà visité des serres de producteurs Hollandais, et il n’y a que très peu de différences entre ces structures et des serres de productions maraîchères ou florales. Seules l’humidité et la température y sont plus élevées.
1°) La culture hors sol :
Culture hydroponique, culture sur substrat, hydro-culture sont autant d’appellations pour désigner la technique de la culture hors sol des végétaux, c’est-à-dire sans que le système racinaire soit en contact avec la terre.
Les racines sont alimentées par une solution nutritive apportant l’eau, les sels minéraux et l’oxygène dissout.
Concrètement, les plantes sont produites dans des cubes de laine de roche posés sur des grandes tables à rebords à l’intérieur desquelles circule une solution nutritive qui, en bout de table est canalisée vers une cuve de stockage ou elle est analysée (pH et conductivité) . Selon les besoins , elle est acidifiée et/ou fertilisée, avant d’être redistribuée sur les tables.
De cette manière, les plantes reçoivent une solution aux paramètres constants . Dans la ferme que j’ai visité, le pH était de 5.5 ou 6.5 et la conductivité comprise entre 1500 et 2500 µS selon les plantes produites. La conductivité représente la quantité de sels minéraux présents dans la solution. Le producteur n’a pas souhaité nous révéler la composition de la solution nutritive. Il nous a simplement dit qu’elle s’inspirait de la « solution de Knop » , mais les dosages étaient différents et un élément avait été ajouté. Comme on recherche plutôt chez les plantes d'aquarium le volume foliaire, je pense que cet ajout devait être une solution azotée (Simple supposition personnelle).
Pour mémoire, le liquide de Knop est un mélange nutritif composé de :
- 1 g de nitrate de calcium
- 0,25 g de nitrate de potassium
- 0,25 g de sulfate de magnésium
- 0,25 g de phosphate mono potassique ou dihydrogénophosphate
- 0,05 g de sulfate ferrique
Quantité suffisante pour 1000 ml d’eau distillée
2°) La culture in vitro :
Après la culture hors sol, la culture in vitro est sans doute la grande révolution qui a marqué la production des plantes aquatiques depuis ces quarante dernières années.
Elle exploite une propriété du monde végétal :
"Tout fragment de plante, même minuscule, a , dans des conditions idéales, la capacité de régénérer une plante complète" .
C’est-ce qu’on appelle la totipotentialité des tissus .
Si le concept es simple, la technique est complexe. A partir d’un fragment de plante, et par divisions successives, on obtient des milliers de plantes identiques. Les jeunes pousses ainsi obtenues sont élevées en laboratoire dans des bocaux hermétiques les mettant à l’abri de tout les micro-organismes indésirables comme les virus, les bactéries, les champignons … . Ces pousses se développent sur une gélose contenant tous les éléments minéraux indispensables, mais aussi des sucres, des vitamines et des hormones de croissance. Les bocaux sont placés dans une chambre de culture climatisée et éclairée artificiellement .
En l’espace de quelques semaines, ces pousses deviennent des plantules (ou vitro-plants) qui sont alors sortis des bocaux, lavés afin d’être débarrassés de la gélose, puis repiqués dans des cubes de laine de roche. C’est une étape très délicate cat le vitro-plan qui se trouvait en milieu stérile, se retrouve exposé à tous les microbes environnants.
Aujourd’hui, cette culture concerne une importante quantité d’espèces. Les avantages sont nombreux :
a) En premier lieu, la plante est plus saine et plus touffue pour la vente.
b) Les prélèvements dans la nature sont réduits pour les espèces à croissance lente comme, par exemple, les Anubias et certaines Cryptocorynes.
c) Conséquence de l’avantage précédent : la disponibilité des plantes n’est plus tributaire des variations climatiques et saisonnières des zones de prélèvements.
d) Pour le producteur, c’est synonyme de qualité constante et homogène.
e) Diminution de la surface de la structure de production puisque les plantes-mères sont devenues inutiles.
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