Bonjour,
Voici un sujet qui pourrait intéresser certains d'entre vous et peut-être provoquer des envies de réalisations.
Bonne lecture.
LE POUBELLARIUM
Quel drôle de nom qui fait légitimement penser à un coin poubelle où on met tout ce qui encombre les aquariums, pour s‘en débarrasser.
En fait le poubellarium est un espace de vie auto-suffisant et saisonnier qui est régi par l’environnement : ensoleillement , pluie, variations des températures, nourritures vivantes naturelles (pontes d’insectes comme les moustiques par exemple).
C’est un écosystème qui permet à une faune et une flore spécifique de s’y développer.
Il est bien sur évident que cette technique sera tributaire du climat local et qu’il est donc difficile de réaliser le même poubellarium à Lille et à Marseille mais aussi en plaine ou en altitude. La période de la mise en place, la durée de son utilisation , le choix des poissons et des plantes étant les principales variantes.
1°) LE RECIPIENT
Une poubelle ronde pour les poissons avares de mouvement ou un volume rectangulaire pour ceux qui sont plus actifs et ont besoin de nager sur de plus longues distances sont de bons récipients. Quelle que soit la forme choisie, il est préférable de disposer d’un volume minimum de 75 ou 100 litres.
2°) L’EMPLACEMENT
Il faut éviter une exposition plein soleil. C’est un espace clos, non filtré qui pourrait devenir invivable avec une température trop élevée. Un place ombragée ,sous un arbre (pour ceux qui ont un jardin) ou sur le côté d’un balcon exposé sud-est est parfait. Sur le balcon ainsi exposé, le poubellarium profitera du soleil du matin pour réchauffer l’eau refroidie par la nuit et sera à l’ombre l’après-midi.
3°) L’INSTALLATION
Pour le sol, un fond de gravier suffit . Un sol nutritif est inutile car comme le poubellarium n’est pas filtré, des déchets animaux et végétaux , des feuilles et des poussières amenées par le vent vont se déposer au fond et former un couche de matières organiques nutritives pour les plantes.
Le risque de NO3 sera limité par l’introduction de plantes à pousse rapide.
4°) LA DÉCORATION
Faute de place, le plus grand volume possible doit être réservée aux plantes et aux poisons.
Une racine verticale qui dépasse de la surface est du plus bel effet. Les oiseaux aimeront s’y poser pour boire ou se baigner.
5°) LES PLANTES
Comme le poubellarium n’est pas artificiellement aéré, il est indispensable d‘y introduire des plantes à fort pouvoir oxygénant comme les Elodées, le Ceratophyllum... Ces plantes ayant une pousse rapide, elles lutteront contre d’éventuels montées de nitrates.
Les plantes flottantes sont indispensables pour créer de zones d’ombres . Les lentilles d’eau comme les Lemna minor ou les Salvinia auriculata remplissent très bien ce travail. Il y a aussi des plantes flottantes utiles pour loger des populations d’infusoires dans le chevelu des racines . Les plus efficaces dans ce rôle étant les Fougères de Sumatra (Ceratopteris thalictroides) , les Jacinthes d’eau (Eichhornia crassipes) ou encore les Laitues d’eau (Pistia statiotes) .
Attention à l’utilisation des végétaux ramassés dans une rivière ou dans une marre .
Ils sont presque toujours porteurs d’organismes qui peuvent devenir dangereux pour vos plantes mais aussi pour vos poissons. Les plus fréquents sont les hydres, les larves de libellules, les limnées, les vers parasites ou les poux aquatiques.
6°) LES POISSONS
Il est bien sur préférable de peupler un poubellarium avec certains des poissons qui sont déjà dans vos aquariums plutôt que d’en acheter et se poser ensuite la question : Ou les mettre une fois l’automne venu ?
Comme le poubellarium est principalement influencé par la température de l’air et donc , par conséquence, par celle de l’eau , tous les poissons d’aquariums ne peuvent y vivre correctement. Même si la température du jour permettrait d’accueillir un grand nombre de locataires, la chute de celle-ci, la nuit, en limite naturellement le choix.
L’idéal est d’attendre que la température de l’air ne descende pas en dessous de 20°C pour introduire les poissons.
Seul les poissons supportant une eau « fraîche » pourront y vivre et même s’y reproduire.
On peut citer :
Tanichthys albonubes
Gambusia affinis
Platy (Xyphophorus variatus ou maculatus)
Porte-épées (Xyphophorus helleri)
Guppy (Poecilia reticulata)
Endler (Poecilia wingei)
Macropode (Macropodus operculeris)
Danio Galaxy (Danio margaritiques)
Danio (Brachydanio rerio)
Cette liste n’est pas exhaustive .
7°) LES INVERTÉBRÉS
C’est au goût de chacun.
Si certains d’entre eux comme les Planorbes, les Physes ou les Ampullaires
* (si vous en avez chez vous) sont utiles pour la lutte contre d’éventuelles algues dans un poubellarium ou il n’y a pas de Platys (Grands bouteurs d’algues), il y a bien évidement un risque de prolifération.
*Gastéropodes interdits de vente, de don et de transports depuis que le genre Ampullaire a été déclaré nuisible car invasif, suite à la prolifération de certains d‘entre eux dans des rivières espagnoles)
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Comme pour toutes les techniques, il y a les adeptes et les réticents .
Personnellement je n’étais pas très enthousiaste à l’idée de voir des poissons dans de tels récipients , jusqu'au jour ou des reproductions envahissantes m’ont obligé à les stocker ailleurs que dans un aquarium , le temps de les donner à des clubs voisins.
Cela m’a permis de voir que si un bon équilibre est atteint, les poissons y vivent très correctement, et comme la sélection naturelle est de mise dans un poubellarium, les poissons nés dans ces conditions sont autrement plus résistants que ceux vivant dans des aquarium , milieux plus ou moins "aseptisé".
Je suis aujourd’hui un fervent défenseur de cette technique.
J’espère vous avoir donné envie de vous lancer dans une telle réalisation.
cab65