Bonjour,
L'aquariophilie n'est pas une science figée et heureusement elle évolue. Avec les connaissances de plus en plus pointues, les nouvelles techniques, les matériels de plus en plus performants, la réalisation d'un aquarium et la création d'un biotope sont aujourd'hui à la portée du plus grand nombre.
Mais il reste toujours les irréductibles, ceux qui prônent le "j'ai toujours fait comme ça, et il n'y a pas de raison que ça change" et qui ne veulent pas admettre que ça pourrait aller mieux s'ils abandonnaient les vérités d'avant. Ces gens-là restent assez nombreux, j'ai pu m'en rendre compte tout au long de mes interventions dans de nombreux forums.
Les fausses vérités et les idées reçues sont tenaces.
Si certaines doivent simplement être actualisées aux techniques actuelles, certaines autres sont devenues obsolètes et même dangereuses.
En voici quelques unes qui perdurent et qu’il serait préférable d’oublier.
Un centimètre de poisson par litre d’eau.Si on s’en tient à ce ratio, un aquarium de 100 L pourrait accueillir 3 Astronotus ocellatus adultes ou un bac de 60 L 3 Symphysodon discus.
C’est bien entendu volontairement que j’ai choisi ces deux exemples extrêmes pour montrer l’énormité de cette ancienne méthode de calcul de population que certains aquariophiles utilisent pourtant encore aujourd’hui .
Il devient évident que cette méthode de calcul de population ne tient en aucun cas compte des besoins spécifiques des poissons comme :
- la longueur minimum de l’aquarium pour les poissons qui aiment nager sur de longues distances, et ce ne sont pas les plus gros poissons qui ont besoin de la plus grande place, toutes proportions gardées. Par exemple, un banc de Cardinalis (5cm) , a besoin d’un bac d’au moins 1 m de longs pour satisfaire son besoin de nage .
- la hauteur d’eau minimale pour recevoir et faire évoluer correctement des Scalaires ou des Discus…..(Deux exemples parmi tant d’autres.)
Un réflecteur augmente la puissance du néon.En aucun cas un réflecteur augmente la puissance du néon. Un tube de 30W reste un 30W même avec un réflecteur.
Un réflecteur ne sert qu’à rediriger la lumière vers l’aquarium .
Le rayonnement d’un tube se fait sur 360°. Cela veut donc dire que sans réflecteur, au moins 220 à 230° de rayonnement ne sont pas utiles à l’aquarium.
Il faut utiliser un diffuseur d’air en aquariophilie d’eau douce.Pour un aquarium d’eau douce planté, la diffusion d’air a longtemps été jugée aussi indispensable que le chauffage , l’éclairage ou la filtration.
Cette affirmation s’est révélée être une grossière erreur et , pire encore, un risque de mise en danger de la plantation.
En effet, la colonne d’air provoque une aspiration, comme dans un exhausteur, qui entraîne les différents gaz indispensables à la faune et à la flore de l’aquarium comme le CO2.
On sait aujourd’hui que la plantation d’un aquarium correctement peuplé (sans surpopulation) suffit à produire l’O2 nécessaire à l’équilibre biologique du bac. Et même si on n’a qu’une plantation minimaliste, il suffit de diriger la sortie de la filtration vers la surface pour que, grâce au vaguelettes ainsi créées, un important échange gazeux se fasse.
Et même si certains aquariophiles choisissent d‘avoir des bulles dans l‘aquarium dans un souci esthétique, l’aération n’en reste pas moins déconseillée.
Par contre, il y a deux cas ou l’aération peut s’avérer quasi indispensable :
- Si vous traitez votre bac pour une pathologie et que vous y introduisez une solution médicamenteuse, vous augmentez sensiblement la densité de l’eau . Ce phénomène est encore plus important puisque le plus souvent, il faut traiter à une température supérieure à celle que vous avez d’ordinaire.
Tout ceci se fait au détriment de l’O2 dissout naturellement présent dans l‘eau. Cela provoque très souvent une gêne respiratoire chez des poissons déjà malades.
La diffusion d’air devient alors indispensable pour pallier à cette carence d’O2 dissout.
- Lors d’un gros orage d’été, un importante variation de pression atmosphérique peut créer une forte dépression qui peut faire disparaître, par aspiration, un grosse partie de l’O2 dissout dans l’eau. Il faut donc rétablir ce déséquilibre en envoyant de l’air dans l’aquarium, avant que tous les poissons ne montent à la surface pour y piper l’air.
Il faut toujours mettre du charbon actif dans sa filtration.L’utilisation systématique du charbon présente un important danger.
En effet, ce matériau a un pouvoir absorption considérable mais il est capte autant les mauvaises substances que les bonnes. Cette action est limitée dans le temps et dès que son pouvoir de captation arrive à son terme, il relâche toutes les substances retenues, les bonnes mais aussi, hélas, les mauvaises.
Même les fabricants de matériel aquariophile entretiennent cette idée reçue en mettant du charbon dans chaque emballage de filtration au même titre que du perlon ou de la mousse. Le doute est donc permis : « Puisque c’est dans la boite, c’est qu’il faut s’en servir. »
Par contre, le charbon actif est très utile pour supprimer une turbidité, et devient indispensable pour éliminer des résidus médicamenteux suite à un traitement.
Mais même dans ces deux cas, son usage reste temporaire.
Il ne faut jamais réutiliser du charbon qui a déjà servi !
Les nitrates et les phosphates provoquent l’apparition des algues.Avec cette affirmation, la réponse est plus nuancée.
Si ces deux éléments, individuellement, peuvent être, en effet, des déclencheurs puisqu'ils en sont les principales nourritures, il n’est pas nécessaire que leur présence soit importante pour provoquer ce problème . Même des quantité infimes, non mesurables peuvent en être la cause.
La seule façon de régler le problème des algues est de toujours respecter le rapport indispensable entre ces deux éléments qui est de 10 pour 1.
C’est-à-dire que pour 10 ppm (mg/L) de nitrates (NO3), il est indispensable de ne pas s’éloigner de 1 ppm (mg/L) de phosphate (PO4). Seules les analyses en gouttes sont capables d’évaluer ces teneurs avec précision.
Cet équilibre profitera idéalement aux plantes ce qui réduira considérablement la nourriture dont les algues ont besoin pour apparaître et se développer.
La Cladophora est la solution pour éliminer les nitrates.Cet argument publicitaire, abondamment utilisé par le commerce aquariophile fait croire que cette algue (parce que c’est une algue et non une plante ou une mousse) est la panacée pour lutter contre les nitrates .
Il faut savoir que tous les organismes pratiquant la photosynthèse sont des consommateurs de nutriments dont les nitrates font partie.
Le développement très lent de la Cladophora , comparé à des plantes aquatiques à pousse rapide comme les Ceratophyllum, les Egeria, les Limnophila, les Lagarosiphon ou les Myriophyllum, ne fait pas de cette algue le meilleur rempart contre les nitrates.
Par contre, ces boules sont un bonus pour élever des crevettes car elles servent de supports et fixent très utilement des colonies de micro-organismes comme les paramécies (infusoires) et les diatomées.
Cette liste n'est pas terminée. D'autres idées reçues ou fausses vérités compléteront cet article ultérieurement.
Patience !
cab65